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Mary Wollstonecraft

principales oeuvres

A Vindication of the Rights of Men (1790)

Vindications Publié comme une réponse à Reflections on the Revolution in France qu'Edmund Burke écrit en 1790 pour défendre la monarchie constitutionnelle britannique, l'aristocratie et l'Église d'Angleterre, A Vindication of the Rights of Men s'attaque à l'aristocratie et plaide pour le républicanisme. Cet ouvrage inaugure une guerre pamphlétaire qui sera connue sous le nom de Controverse révolutionnaire (en anglais Revolution Controversy), au sein de laquelle Rights of Man de Thomas Paine devient le cri de ralliement des réformateurs et des radicaux.


Mary Wollstonecraft ne pourfend pas seulement la monarchie et les privilèges héréditaires, mais condamne également le discours tenu par Burke. Dans un passage devenu célèbre de ses Reflections, Burke se lamente : « Je pensais que dix mille épées sortiraient de leurs fourreaux pour venger, ne serait-ce qu'un regard offensant qui la [Marie Antoinette] menacerait. Mais l'âge de la chevalerie est révolu »N 7,62. La plupart des détracteurs de Burke déplorent là une forme de compassion théâtrale envers la reine de France, au détriment de l'attention que mérite le peuple. Mary Wollstonecraft, de subtile façon, reprend les notions de sublime et de beau que Burke avait lui-même exposées dans son A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful de 1756, puis, de l'intérieur, mine un à un ses arguments. Burke avait associé le beau à la faiblesse et à la féminité, et le sublime à la force et à la masculinité ; Mary Wollstonecraft renverse la proposition et en souligne la théâtralité qui tend à rabaisser le citoyen lecteur au niveau de faibles femmes que trouble le spectacle de la nature63. Cette première critique, strictement féministe, est considérée par Claudia L. Johnson comme primordiale et sans égale par la force de son argumentation64. En définitive, selon Mary Wollstonecraft, la société préconisée par Burke reste fondamentalement inégalitaire, car fondée sur le postulat de la passivité des femmes.


Son argumentation concernant la vertu républicaine s'appuie sur l'éthique de la classe moyenne émergente, rejetant le code de conduite de l'aristocratie qu'elle juge vicié à sa base même65. Influencée par les penseurs des Lumières, elle croit au progrès et tourne Burke en dérision pour son conservatisme soucieux de préserver les coutumes et les traditions. Le système qu'il préconise, argumente-t-elle par exemple, conduit inexorablement à la perpétuation de l'esclavage, pour la simple raison que cette pratique remonte à la nuit des temps66. Elle, au contraire, plaide pour la rationalité qui exige qu'on mène une vie campagnarde, chaque famille disposant d'une ferme pour couvrir ses besoins, vison idyllique et utopique qu'elle dit fondée sur « la sincérité du sentiment », et qu'elle oppose au « sentiment factice » exalté par Edmund Burke.


Rights of Men est le premier livre ouvertement politique de Mary Wollstonecraft, et aussi son premier ouvrage féministe ; comme l'affirme Claudia Johnson, il semble que dans l'acte d'écrire la dernière partie de Rights of Men, elle ait découvert le sujet qui occupera le reste de sa carrière »68.